Parler des élections avec les américains n’est pas aisé … et c’est sur des oeufs que l’on avance …. Il faut savoir décoder et après seulement on pourra décider d’en parler ou pas … Alors voici une petite compilation de moments vécus … vus d’ici du Kansas.. qui je vous le rappelle est ultra-conservateur … mais dans les faits ça donne quoi ?
- Il y a les amis américains de longues dates avec qui on sait à quoi s’en tenir … nos amis américains de Portland, Oregon : cela fait longtemps que l’on sait qu’ils sont démocrates … un style de vie, une carte reçue, il y a 4 ans de leurs filles à un meeting d’Obama… quand ils parlent politique, leurs yeux montent au ciel en évoquant la dérive ultra-conservatrice des républicains… Ils sont du Kansas tous les deux mais nous ont déclaré qu’ils ne pourraient plus vivre ici …
- Il y a les voisins du Kansas, on a compris dès le début qu’il ne fallait surtout pas en parler : la voisine d’en face (elle est du Tennessee), catholique très pratiquante, qui ne cesse de me demander si je vais à la messe, et l’autre voisin, d’à côté, qui nous a déclaré qu’il avait des armes pour nous défendre… le fossé est trop grand … et je suis sure que chaque soir, c’est vers le candidat républicain que vont leurs prières : ils lui pardonnent finalement d’être mormon … mais c’est sure que leur coeur, pour les primaires l’an dernier, allait plutôt pour le candidat Rick Santorum, un bon catholique, ultraconservateur*.
- Il y a les nouveaux amis du Kansas sur facebook, qui ont “liké” la page de Romney, on sait qu’il ne faudra pas en reparler…
- Il y a Bill, le collègue de mon mari qui est ouvertement républicain de Boston. Il déplore le bilan de Obama. Il reste sur ses gardes, il n’en parle pas trop mais il nous dit que son vote sera sans appel pour le républicain par défaut, car il n’aime pas lui aussi, la tendance ultra-conservatrice du parti. Il n’aime pas Romney tout court… parce-qu’il est trop “flip-flop” mais encore moins Obama. Mais avec Bill, il est possible d’en parler.. un peu, pas trop, tout de même, en tout cas, ce n’est pas un tabou. On s’écoute, on questionne … on s’interroge. La discussion est intéressante.
- Au détour d’une conversation avec des franco-américains, on parle des élections : Ils sont les déçus d’Obama, et ne lui font plus confiance … et finalement voteront républicain parce-qu’ils ne veulent pas de 4 ans de plus d’Obama. Ils ne voteront pas pour lui à cause de l’économie mais aussi en pensant, qu’un partie républicain au pouvoir fera baisser la tendance des Tea Parties.
- Il y a le chauffeur de taxi, qui déclare à une amie, que Barack Obama est un raciste qui n’aime pas les Etats-Unis… qu’il n’est pas un vrai américain : on n’insiste pas…. à quoi bon …
- et puis, il y a les gens rencontrés par hasard, avec qui on commence par échanger des banalités. Et à un moment, il se passe quelque chose : un signe de l’un ou de l’autre, et on sait qu’on n’est plus sur un terrain mouvant et qu’on peut en parler …. alors, Mike et Kim se lachent …. et on en apprend beaucoup. Le plus gros reproche : Romney est un Flip Flop… et le partie républicain a un sérieux problème d’identité car il est un patchwork de petits mouvements : les églises (un état dans l’état), les pro-guns, les pro life, les pro ceci, les anti Etats Fédéral, les Tea Parties etc … et ils espèrent que Sandy (la tempête qui a ravagé New-York et au passage Haiti …) sera la October Surprise qui donnera une large majorité aux démocrates : ils sont très inquiets…
Et du côté des enfants, ça donne quoi ?.. des réactions spontanées :
- c’est la petite voisine, Anna qui nous déclare dans la voiture, qu’elle voterait Obama : cela nous laisse sans voie d’étonnement….
- les amis latino de ma 3ème fille qui, elles aussi se déclarent ouvertement pour Obama ..
- par contre le gros Carter, lui, est à fond pour Romney : “Obama sucks” a-t-il lancé à la cantonade aujourd’hui …
- et on a rien dit quand on a laissé la petite Kelly devant chez elle : il y avait un énorme panneau Romney.
* : petite précision, je suis moi-même catholique, pratiquante à la française, engagée à certains moments de ma vie, mais plus ici : je ne me reconnais absolument pas dans l’église telle que je la vois ici : ultra-conservatrice.