Vivre les Etats-Unis : la philanthropie et le bénévolat

La philanthropie et le bénévolat sont bien deux notions très importantes aux Etats-Unis et on est très vite confronté à cette facette de la société américaine quand on arrive : surprenante au début, on fait de la résistance, mais très vite, on comprend que cela a son importance et on finit par se prêter au jeu.

A vrai, dire, la philantropie n’avait pas mis très longtemps à venir vers nous quand nous sommes arrivés aux Etats-Unis, en novembre 2008. J’avais été tellement surprise que j’avais gentiment envoyé dans les roses mon interlocuteur. Il faut dire qu’à l’époque, notre fille ainée faisait sa rentrée dans une école privée de la Baie de San Francisco et même si, étant arrivés avec un contrat d’expatrié, son école était payée par la boite, la première année (et elle n’y est restée qu’une année), la note, nous le savions était salée. Alors quand un monsieur nous avait appelés pour nous demander combien nous voulions faire de donation, et bien, je crois que je n’avais même pas compris la question…. cette année-là, l’école a récupéré 400 000 dollars de donation par l’intermédiaire des parents d’élèves, sans nous.

Alors, bien sur, tout le monde sait que la société américaine est très philanthrope : on y voit de très beaux projets financés uniquement par des particuliers richissimes.

Les grands projets

A Kansas City, la ville où je vis, ce sont plusieurs musées qui vivent ainsi.

Le Musée Nelson Atkins est géré par des trusties (donateurs), les entrées sont gratuites et le financement est privé.

Nelson

Le très bel auditorium de Kansas City, le Kauffman Center est une oeuvre uniquement financée par des fonds (dons) privés, pour une facture de plus de 400 millions de dollars. Et dans ce projet, de grands donateurs ont donné mais aussi, des gens plus modestes. Des fundraisings sont organisés : demandes de fond ou collectes et en fonction des projets, c’est un véritable sport national.

Les fundraisings

La philanthropie aux Etats-Unis ne va pas se borner à ces grandes donations, mais se retrouve dans la vie courante : on est amené à donner pour l’école, même si elle est publique, pour les associations sportives, etc.. des fundraisings sont organisées : ce sont des moments où l’on sait que l’argent va aboutir pour un projet ou une cause. Souvent, ce sont des événements limités dans le temps :

Exemple, le département musique (toujours) va s’associer à un restaurant et ce dit-restaurant, à un jour-dit va reverser de 10 à 20% de ses recettes à l’organisation. C’est alors en général une sortie en famille et une façon de tester un nouveau restau. Le restau se rembourse en augmentant son chiffre ce soir-là et en se faisant connaître.

Le don peut se retrouver à d’autres niveaux et de différentes façons :

Dans les écoles ou les associations, on est vite sollicités en tant que parents pour participer à des événements où le but premier, est de récupérer de l’argent.

Les Auctions

Ainsi, on se forge un vocabulaire très spécifique : les Silent auctions et les lives auctions, viennent compléter les fundraisings. (Par auction entendez enchères).

Le principe est simple. Des objets ou des services sont mis en enchères silencieuses ou pas. Ces objets sont récupérés ou donnés. Actuellement, je suis en pleine préparation d’un auctions dinner pour aider le département musique de la High School de ma fille.

Nous le préparons depuis plus de 3 mois : nous avons sollicité les commerces locaux pour récupérer des lots (invendus ou parfois des bons d’achats (gift certificat)). Les commerçants se prêtent au jeu : c’est tax deductible (peut être déduit des impôts) et c’est en quelques sortes de la pub pour eux.

Les lots seront placés sur une table et les gens pourront venir mettre leur prix sur des papiers mis devant l’objet : cela se fait avec des numéros pour garder l’anonymat. L’organisation est précise, les gens enchérissent. Une fois le temps imparti, passé, les fiches sont récupérées et les gens viennent payer si ils ont gagné l’enchère. L’an dernier, les enchères ont permis de récupérer quelques 8000 $ en une soirée.

Il y a aussi les lives auctions, faites sur des objets spécifiques : dans les écoles, généralement, chaque classe fait un projet commun où tous les élèves sont impliqués. Ces petites merveilles s’arrachent parfois à plusieurs centaines de dollars : exemple ci-dessous, le tableau que la classe de mon fils avait réalisé il y a deux ans.

pledge

La philanthropie aux Etats-Unis et le bénévolat

Et la philanthropie rejoint le bénévolat qui est aussi très fortement développé. Les gens donnent de l’argent, mais donnent souvent aussi beaucoup de leur temps. Alors moi aussi, j’étais investie dans le bénévolat en France : j’avais même été présidente d’une association et mon engagement avait été bien au delà d’une simple vente de gâteaux à la sortie des écoles. Mais ici, tout un chacun fait du bénévolat et donne de son temps. De nombreuses organisations ne sont régies que par des bénévoles.

On assiste tous les ans à la Food drive : on demande aux élèves d’amener des boites de conserves à l’école et des concours sont créés entre classe pour savoir qui en aura amené le plus : cette année, c’est 25 boites de conserves que ma fille a amené et les supermarchés sont prévenus et mettent en tête de gondole, des tonnes de boites. Ensuite, ce sont des équipes comme celle de mon mari qui vient faire des lots pour trier et redistribuer les boites. Son entreprises avaient fait un bus pour aller à l’entrepôt.

A l’école, il y a de nombreux clubs qui ont pour vocation de faire du bénévolat pour aider les autres : mes filles ont des heures à faire pour leur scolarité : elles ont ainsi fait du baby sitting dans une église qui organise des soirées “night out” pour les parents d’enfants à problème. Mon autre fille a passé des après-midis entiers dans une maison de retraite. Les églises sont très impliquées et les gens, non seulement donnent de l’argent pour elles, mais leur donnent du temps aussi pour faire des actions de charité.

Toujours à l’école, les profs, n’hésitent pas à animer des clubs, à participer et organiser des événements en dehors de leurs heures de cours. Je suis toujours impressionnée par l’investissement de la prof de musique, que l’on voit au concert, mais aussi lors des matchs de foot pour le marching band.

Et puis, enfin, les écoles fonctionnent souvent par la participation actives de parents qui s’investissent à fond dans ce qui s’appellent le PTA (Parent – Teacher – association). C’est souvent une sacré organisation (j’ai fait partie d’un PTA lorsque j’étais en Californie d’ailleurs) : grosse machine rodée qui parfois en fonction de la taille de l’école recrute quelques cinquante parents.

La philanthropie aux Etats-Unis : Conclusion

Je pense que cette façon de faire est directement héritée de l’esprit pionnier : les gens ne pouvaient compter que sur eux même, loin du pouvoir central qui n’intervenait pas dans leur quotidien. Sans subsides de l’état, la communauté se resserre autour d’un projet commun ou un intérêt commun (en 2010, le district de Cupertino, la ville où j’habitais était menacé : les gens et les commerces se sont mobilisés et ont organisé une collecte géante pour combler le trou financier du district).

Le revers de la médaille : les gens sont ultra occupés et peu accessibles : les amitiés restent en surface car ils n’ont pas le temps et c’est dommage. Parfois, en se retrouvant sur un projet commun, on arrive à accrocher. L’esprit communitariste est donc très fort aussi et il est toujours intéressant de voir comment des communautés se mobilisent sur des causes pour récupérer de l’argent. L’énergie déployée est parfois phénoménale.

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