Comment raconter, une journée qui ne se raconte pas : ils attendaient 200 000 personnes, nous étions plus de 800 000. Une journée pour célébrer l’équipe de baseball de Kansas City qui avait gagné le dimanche, les World Series : ils attendaient cela depuis 30, la dernière victoire remontant à 1985. Fan de la dernière heure, je me suis laissée tentée par mes enfants quand à midi pile, le lundi, le school district a annoncé que les écoles seraient fermées le lendemain pour cause de Royals parade. Tous les autres schools districts de la Metro et dans les deux Etats, ont suivi.
La raison, n’était pas tant de célébrer, mais plutôt que beaucoup de profs étaient en train de poser un jour de congés ou de se déclarer préventivement malades. Les élèves auraient suivi de toute façon. Alors j’ai dit OUI. Cela faisait quelque temps que je me sentais portée par cet enthousiasme, et j’avais commencé à comprendre les subtilités du baseball. La parade était prévue à midi. Le trajet était ficelé, les parkings préparés et des navettes mises à disposition pour acheminer les spectateurs à partir de parking en périphérie. J’ai pressenti qu’il y aurait du monde : nous nous sommes levés à 6h30 et nous sommes partis à 7h10. En arrivant, c’était encore bien vide du côté de Union Station. La voiture était garée, j’étais soulagée. Mais les contours de la parades étaient déjà saturés : des gens avaient dormi sur place, d’autres avaient pris des chambres d’hôtels pour passer la nuit non loin. la veille, un peu par hasard, je trouve les tee-shirt officiels, alors je m’en prends un pour moi : mes enfants, ont déjà les leurs.
Il faisait frais, alors comme nous étions venus légers (selon les consignes), nous n’avions pas de couverture pour nous asseoir par terre et nous n’étions pas couverts. Donc, nous avons commencé à aller nous promener en essayant aussi de trouver un endroit où grignoter (j’avais juste pris quelques trucs : la consigne était de ne pas avoir de sac à dos, donc je n’avais qu’un sac léger). Mal nous en a pris, il y avait des centaines de personnes qui avaient eu les mêmes consignes et donc les mêmes idées et donc les files d’attente devant les fast food (Panera Bread) étaient interminables.
Vers 10h, nous retournons vers Union Station, la grande gare : des amis, donnent une celebration party à l’intérieur. J’ai très envie d’aller leur faire un petit coucou : ils sont dingues de baseball et ont assisté à tous les matchs sur Kansas City. Ils sont dans un restaurant : impossible d’y rentrer, il y a trop de monde. Au passage, nous repérons un café qui n’a pas trop de queue : j’ai vraiment besoin de boire un truc chaud. On y patiente 20 minutes avant de pouvoir recevoir mon latte et le Chai Latte de ma fille et un cookie bleu pour mon fils. Il est 11h, je me décide à sortir pour aller gagner un spot. La parade commence au nord vers midi. Et quand nous sortons, c’est le choc : une marée bleue. La foule est compacte devant l’ancienne gare et nous tentons de nous diriger vers l’emplacement de la parade. Nous forçons le passage. la foule est compacte mais pas intraversable. Mais soudain, je sens que cela nous échappe : il n’y a plus d’espace autour de nous, et pour mon fils qui est encore tout petit (9 ans), il ne peut plus respirer et surtout nous ne sommes plus maître de nos mouvements. Nous voyons un grand gars qui vient en sens inverse et qui dit que c’est sans issue de ce côté-là. Alors je décide de faire le chemin en sens inverse : mon objectif est alors de monter sur le pré devant Union Station, pour prendre de la hauteur et pouvoir apercevoir quelque chose. La foule est moins dense et après avoir traversé d’un bout à l’autre le champ latéralement, nous trouvons un spot où on aperçoit au moins l’écran géant et je peux aussi apercevoir un passage de la parade. Deuxième erreur : la parade ne passe pas devant Union Station, mais à côté et se termine derrière. Les joueurs viendront ensuite sur la scène.
Nous restons alors 2 heures comme cela, la tête tendue vers l’écran géant. Au loin, je vois un pont saturé de voitures à l’arrêt. Dans le ciel, nous voyons des hélicoptères qui tournent, à côté, des gens sur les toits.
J’ai réussi à capter un peu de ce moment. Au loin, sur le petit espace que je voyais et sur l’écran géant.
Vers 2h, j’en ai raz le bol : la parade est terminée .. Je me dis qu’il faut rentrer : nous ratons alors la présentation des joueurs sur la scène (de toute façon, on n’entendrait rien). Nous remontons jusqu’au musée de la Première Guerre Mondiale, en haut de la colline. C’est impressionnant de voir cette marée bleue.
La voiture est tout proche. Il n’y a pas encore de gens qui ont la même idée. Nous montons dans la voiture. Mais il nous faudra plus d’une heure pour quitter l’enceinte du parking (300 m). Et entre temps, le spectacle est fini et nous voyons un flot de gens arriver. 1h30 après nous n’avons avancé que de 300 m. L’enfer ! Mais les gens sont souriants : on se fait des Hi Five .. les gens partent en marchant, les bus arrivent : les foules sont à attendre. Il me faut plus de 3h pour arriver au quartier Plaza et là, j’abandonne car les bouchons continuent sur le grand axe qui m’amène chez moi. Il y a des places, je gare la voiture, il est 5h30 et nous allons prendre notre déjeuner-diner chez notre Panera Bread. Je reprends la route, le trafic est dense encore, mais là, je peux prendre les petites routes et éviter les bouchons.
Ils avaient prévu 200 000 personnes, les dernières estimations tombées ont fait part de 800 000 personnes. Certains n’ont jamais pu arriver à la parade : pas assez de navettes, des files interminables pour prendre les bus, mais surtout, impossibilité d’arriver en voiture en centre ville à partir de 10h du matin. Ceux qui avaient pu laisser leur voiture près mais pas tout à côté (comme moi) ont eu plus de chance : ma seconde fille est partie tranquillement de chez nous à 8h45. Et pour le retour, elle était à la maison, bien plus tôt que nous.
Que vous dire d’un moment comme celui-là : je pense que c’était une belle expérience. Il y a juste eu un moment, où j’ai eu peur de la foule, mais sinon, on ne s’est jamais sentis mal : les gens étaient arrivés en famille, j’ai vu des bébés de quelques mois, des tonnes d’enfants. L’ambiance était bon-enfant. Les flics étaient présents mais pas énormément : je pense, qu’ils n’étaient assez, mais il n’a y a pas eu de dégâts ni de problèmes : juste quelques voitures au toit défoncé : des enfants étaient montés dessus. Je crois que ce qui s’est passé est unique, vu la densité du monde présent qui n’avait pas été anticipé, mais aussi, vu le calme des gens.
Pour illustrer ce moment, j’ai choisi de vous raconter, mon histoire, mais de vous montrer aussi, the people of Kansas City : ils sont venus par milliers, de tous horizons : hispaniques, blancs, African Americans et tous avaient en commun une chose : un vêtement des Royals ; vue du ciel, la marée était bleu, bleu Royal comme cette équipe de cette ville exceptionnelle, perdue au milieu des plaines, à cheval sur deux Etats, le Kansas et le Missouri. Beaucoup vous diront que ce qui s’est passé à Kansas City, ce jour-là, était sans précédent aux Etats-Unis.
Pour aller plus loin :
Waouhh!!!
Kansas City est quand même une ville formidable et méconnue.
Est-ce le fait d’être à cheval sur 2 Etats qui ont su surmonter leurs différences?
Même aux Etats-Unis où tout est toujours plus grand, je pense que cette célébration de victoire doit être exceptionnelle.
Bravo à la foule pour l’atmosphère festive.
Et comme d’habitude, de très belles photos.
merci Dom ! dommage que tu n’y étais pas
Just Wow!
merci Gwen ! yes cela l’était
Une vraie marée bleue, impressionnant!!
Je ne connais rien au baseball malheureusement…
C’était impressionant ! merci