Parler de Burning Man avec un burner !

Lors de ma première entrevue avec Laurent Le Gall, le réalisateur de l’émission, l’Amérique dans tous ses États, nous avions déjà parlé de Burning Man et il s’apprêtait à y retourner, fin août.
Rendez-vous avait déjà été pris pour en rediscuter. Il y allait avec un invité de marque cette année : Yann Arthus-Bertrand.
Depuis, Laurent a réalisé un très beau documentaire qui a été présenté dans l’émission Complément d’Enquête sur France 2. France 2 .. vous imaginiez : la consécration pour Burning Man mais surtout pour Laurent. (la vidéo est en dessous).

Alors BURNING MAN :

Qu’est-ce-que c’est que ce truc qui se passe en plein désert ?
Une bande d’illuminés qui veut refaire le monde ???
suivez le guide … il faut aller chercher un peu plus loin et ne pas s’arrêter à quelques idées préconçues. Les magnifiques photos présentes ci-dessous sont utilisées avec l’aimable autorisation de son auteur, Gilles Bonugli-Kali.

L’Histoire de Burning Man

Burning Man est né à San Francisco en 1986, non loin du Golden Gate Bridge.
A vrai dire, une chose pareille ne pouvait naître que là ..
On venait y célébrer l’art, avec comme effigie, un bonhomme que l’on brûlait à la fin. Le festival a grandi, en même temps que la fameuse statue qui atteint plus de 30 m, maintenant. Et du coup, Burning Man, après avoir été interdit à San Francisco, a été transposé dans le désert de Black Rock au Nevada, en 1990.
D’année en année, il a pris de l’ampleur. A tel point que c’est plus de 68 000 personnes qui se sont réunies cette année en 2013, fin août.

C’est principalement Internet qui a fait grandir le festival. Les médias n’étaient pas très chauds et regardaient cela d’un mauvais oeil. Il a fallu 10 ans à France 2 pour oser en parler. Les média sociaux s’en sont chargés avant. Il faut dire que l’organisateur du festival était intraitable.
Le jour, où Laurent a commencé à vouloir y venir pour faire un reportage, on lui a répondu : “Tu viens la semaine pour faire ton film et tu vis le truc.. Pas question de venir une journée et de s’en aller en douce” Burning Man cela se vit, cela ne se vole pas ! .. Il l’a fait … il est resté et il est revenu l’année d’après et il y vient maintenant depuis 10 ans, en famille.

Burning Man : Qu’est ce que c’est ?

Les gens y viennent en bande, seuls ou en famille, avec un code vestimentaire et en apportant leurs oeuvres d’art ou en la construisant sur place. Cela ressemble à une grande fête païenne avec son apogée à la fin, quand la statue géante, emblème de la fête est brûlée : c’est le Burning Man.
Lors de ce rassemblement, on bouffe de la poussière mais on assiste à un spectacle étonnant : entre art alternatif, la tenue et l’extravagance des gens : un spectacle permanent. On réinvente le monde sans argent : il est banni. On laisse ses problèmes de côté, ou on peut les partager, sur un mur dans un temple en écrivant ses voeux, ses pensées, ses souvenirs. Les gens viennent prier ou méditer.
C’est à vrai dire, un temps d’arrêt. Le lendemain du feu de Burning Man, le temple est brûlé à son tour.

Burning Man : Quand ?

Cela se tient la dernière semaine du mois d’août et les oeuvres d’art (toutes) sont brûlées le samedi soir juste avant Labor Day (jour férié au mois de septembre).

Burning Man : Côté business

Burning Man, c’est aussi une entreprise à elle seule : 40 permanents qui coordonnent tout ; un chiffre d’affaires de plusieurs millions de dollars : à sa tête, un humaniste, Larry Harvey. Mais il n’y a aucun sponsor, personne pour imposer un code.
Sur place, ce sont 50 médecins, des policiers .. des facteurs… principalement des volontaires. Il n’y a aucun échange marchant : l’argent est banni mais on peut donner de son temps et partager ses compétences.

Burning Man : Qui vient ?

Alors, moi, c’était principalement la question qui me taraudait.
Qui avait envie de venir dans ce désert inhospitalier et partager ce quotidien pendant 8 jours.
Qui avait envie de bouffer de la poussière, de vivre sans eau courante en auto-suffisance (ce qui signifie en emmenant et prévoyant tout et en s’assurant de ne rien laisser derrière soi ? de se geler la nuit et de crever de chaud le jour ? QUI ?

 

Plein de monde : un directeur, des jeunes à la dérive, des clodo ? des journalistes??? des étudiants même Google y envoie ses troupes … Des gens qui viennent chercher un exutoire, une résilience ? un kaléidoscope à vrai dire, représentants de la société américaine. Et comme cela prend de l’ampleur, forcément, des étrangers commencent à y participer.

Yann Arthus Bertrand, David Best et Laurent Le Gall

Burning Man : Comment y aller ?

Pour y aller, il faut s’y prendre très tôt pour acheter les billets. Dès le mois de janvier, tout est Sold Out ; le tarif est de 400$ par personne. Les gens y arrivent en voiture. Se garent, se retrouvent d’année en année, se réinstallent ensemble : il y a des quartiers où se regroupent les gens par affinité, sur le principe de First come, First serve.
La Ville de Black Rock City, Nevada

Burning Man : Le principe

On y arrive avec de quoi s’auto-suffire pendant une semaine : on amène son eau, sa nourriture et on repart avec tous ses déchets … On y arrive en voiture avec sa tente, ou alors en camping-car.
Chaque année, Larry Harvey, le fondateur, donne un thème et chaque participant doit trouver un moyen de faire vivre ce thème.

Burning Man : un rêve ?

Faire que la philosophie du festival ne se résume pas à une semaine mais commence à toucher le monde extérieur. Les gens en repartent transformés … Certains changent même de vie, comme ce mormon qui a quitté sa religion et changé de vie, comme ce gars en chaise roulante, Paul Walker, qui a construit avec l’artiste David Best, le mur des confidences .. Paul est en fauteuil roulant depuis 20 ans et vient à Burning Man depuis 10 ans.
Ou comme Laurent Le Gall qui y était venu pour témoigner et qui depuis 10 ans ne raterait pour rien au monde, cette semaine là. Il y vient en famille, avec Sandrine, son épouse et Lhassa, son petit garçon. Chaque année, il y emmène quelqu’un : il y a deux ans, il s’agissait de Gérard Klein et il en avait fait un film. Cette année, c’est avec Yann Arthus Bertrand, qu’il est revenu.

L’expérience vous tente ? Moi, elle m’interpelle, c’est sur … j’y réfléchie … Il faudrait que je surmonte l’idée de la trop grande chaleur du désert  …. j’irai ..

Et en avant première, Laurent Le Gall me confie quelques notes concernant la série qu’il est en train de mettre au point : Burn the West

« Depuis 15 ans je vis aux Etats Unis, à San Francisco en Californie.
Après plus de 40 films à travers cet immense territoire mon intérêt pour ce pays ne faiblit pas.
Au contraire !
Je découvre Burning Man en 2002 pour la première fois : cette ville éphémère dans un désert perdu du Nevada où l’on vient se réinventer entre art, liberté et communauté basée sur une économie du don.
J’ai produit et réalisé plusieurs films à ce jour sur cet événement devenu mouvement : « Sensation, a trip to Burning Man » 52 minutes, « Burning Man: Voyage en Utopie » 90 minutes, « De Sin City à Black Rock » 26 minutes dans le cadre de la série « L’Amérique dans tous ses états ». Dernièrement, nous avons produit un reportage pour le magazine Complément d’enquête « La ville qui n’existait pas » 20 minutes sur France 2.
Burner depuis 10 ans, mes rencontres à Burning man ont été et sont toujours aussi intenses.
C’est en construisant et en documentant le temple de Juno de l’artiste californien David Best que j’ai rencontré Paul Walker arrivant en chaise roulante dans le désert pour participer à la construction. J’ai été immédiatement frappé par son enthousiasme, sa joie de vivre. J’ai admiré aussi son courage dans l’environnement inhospitalier du désert de Black Rock. Nous sommes aussitôt devenus amis !
Quelques semaines plus tard, Paul me parle de son projet de grand voyage à travers l’ouest américain … en sidecar ! Il me dit cela avec son sourire d’ado taquin.
Décidément l’expérience à Burning Man vous pousse à faire des choses extraordinaires !
Immédiatement, je lui propose de l’accompagner et de filmer son aventure qui m’inspire énormément.
Burn the West est né.

Dan Langmade et Laurent Le Gall

Une série de documentaires, un road movie en roue libre dans l’ouest sauvage à la rencontre de Burners croisés à Burning Man, à la rencontre d’une Amérique en marge, celle de la route, de la différence, de l’aventure.
Le voyage de Paul est une source d’inspiration pour tous. Arrêter de se plaindre ! Prendre sa vie en main ! Tailler la route une dernière fois … On the road again ! »

Merci Laurent ! Merci Gilles pour les photos

L’Amérique Dans tous ces Etats avec Gérard Klein

Bande annonce de Voyage in Utopia

Infographie : 
Voyage en Utopia a été diffusé dans de nombreux festivals aux États-Unis, Castro à San Francisco, New-York, American Cinematheque à Los Angeles, Saint-Louis Missouri, Mauii Hawai, mais aussi Vancouver, Paris, Tel Aviv et en Thaïland.
Le film a été projeté dans de nombreuses communautés burning man dans le monde. 

Le film est projeté sur la chaîne voyage en France regulierement.
Nous recherchons un contact pour passer le film en streaming ou en Vod ici aux USA.
 
Laurent Le Gall 
Burn the west Par Laurent Le Gall, auteur, coproducteur et réalisateur de la série, résidant en Californie.  
http://www.freerunpictures.com http://lafrench.tv/

Crédits Photos : Gilles Bonugli-Kali

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4 Comments

  1. says: Hara-Kiri

    Cette année au festival photo de La Gascilly (en Bretagne), il y avait un reportage photo sur le Burning Man. Je crois que j’en ai entendu parler la première dans les Chroniques de San Francisco mais je ne suis pas sure…. C’est incroyable! Le côté déjanté me plairait beaucoup!

  2. says: Marie

    Superbe article, merci beaucoup ! Tu vas rire, mais j’avais découvert ce festival dans un épisode de Malcolm, j’avais beaucoup aimé mais sans savoir que c’était réellement aussi transcendant comme expérience ! Bref, ça donne envie 🙂

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