P…. 2 ans .. 2 ans de vie au Kansas !

Eh oui, nous fêtons nos deux ans de vie au Kansas.
Il y a deux ans, début août, nous arrivions à Kansas City, dans la banlieue, côté Kansas, dans la maison que nous étions venus choisir quelques semaines avant.

Nous arrivions tous les 6 sans connaître la moindre personne et je peux vous le dire, nous avions le coeur gros : gros d’avoir quitté la baie de San Francisco, gros d’arriver en terre inconnue, sans un contact, ni un repère à quoi se raccrocher. Si ! cela faisait déjà 6 mois, que mon mari faisait les aller-retours entre son lieu de travail et notre logement dans la Silicon Valley en Californie : il avait commencé son nouveau job en janvier mais nous étions restés sur place, là-bas pour ne pas déraciner les enfants en plein milieu de l’année scolaire. Il s’était épuisé à faire les navettes tous les week-end ou presque : à raison de 4 heures d’avion minimum et deux heures de décalages horaires à chaque fois, il avait failli y laisser sa peau.

Red tailed hawk qui prenait l’eau dans le jardin

Début août,  nous avions atterri à Kansas City par un été brulant et nous avions reçu notre déménagement le lendemain. Il avait pris la pluie sous un orage à Oklahoma City : 5 jours de voyage dans le vieux raffio de Jessy, le vieux chauffeur de 70 ans dont le camion affichait au compteur aussi un grand nombre de centaines de milliers de miles. Jessy, il était tout content d’avoir fait la route de Californie car son rêve était d’aller se poser quelques temps dans sa famille en Louisiane.

Et puis, une fois, les principaux cartons déballés, les affaires séchées, les dégâts constatés, nous étions partis à la chasse aux inscriptions d’école. Tout fait au dernier moment, la rentrée était programmée au 12 août.
Le jour de la rentrée, je n’ose même pas y penser. J’avais vu revenir ma grande grande, en larme, me disant que cela avait été le pire jour de sa vie.
LOST WE WERE COMPLETELY LOST !
Moi, j’avais commencé de longs mois de solitude et après l’école, quand je retrouvais tout ce petit monde, il fallait faire face et régénérer les troupes..
J’avais bien essayé de m’intégrer dans divers groupes, à l’école primaire, mais je me suis souvent heurtée à un mur … Sorry, je n’étais pas très spontanée avec mon broken English, j’étais tout de suite cataloguée et je n’ai pas rencontré beaucoup d’accueil .. J’ai un peu laissé tomber, certainement trop vite découragée, mais à un moment, je me suis dit que je n’étais pas là pour me faire du mal … le salut, je l’ai trouvé en rencontrant des étrangers .. francophones bien sur … c’était facile, on se comprenait tout de suite. Oh ! pas beaucoup : 5.
De leur côté, mes 3 grandes ont surmonté tout cela. Cela a pris plus ou moins de temps. Mais je les ai vues s’épanouir à travers leurs activités et leurs amitiés naissantes… leurs nouvelles copines ont mis du temps pour comprendre pourquoi elles étaient différentes, souvent à la traine… étrangères, bilingues … les copines ouvraient des yeux grands comme des soucoupes quand elles leur répondaient qu’à la maison, on ne parlait que français et que oui, nous étions des vrais étrangers, pas illégales (oui, elles ont eu la question : “Are you illegal”), pas non plus des immigrants de la 4ème génération..
Dans la classe de ma petite puce, la maitresse avait demandé aux enfants nés hors du Kansas de lever la main : ils étaient 5, et hors des US, il y avait ma petite puce, qui osait à peine dire que oui, elle était française et même pas née en France  …
yep ! mais elles sont devenues leurs French Girls préférées avec maintenant cette appréhension dans le regard : “When are you leaving Guys ?” Parce-qu’au contraire de la majorité des gens ici qui n’ont et ne quitteront jamais leur bout de Kansas, ils savent que nous repartirons un jour…
Alors après deux ans de vie ici en plein Kansas, que sommes nous devenus ?
Les enfants sont devenus un peu plus américains, à tel point que les profs ne font pas du tout de différence, et à tel point, que je ne crois pas qu’elles puissent un jour revenir dans le système éducatif français, en tout cas pour les deux grandes. Si vous me trouvez une école en France, où on fait de la musique tous les jours avec un équipe de marching band*, et où on court tous les jours en entrainement, 8 km, je suis preneuse … mais je ne crois pas pouvoir trouver cela.
Nous nous sommes faits de bons amis, français, américains, canadiens déjà repartis … Nous avons pris nos marques, nous allons beaucoup écouter de la musique locale et nous supportons l’équipe de foot locale.
ma maison côté jardin

 

le chemin qui part de chez nous
Quant à moi dans tout cela …. vous dire que j’ai envie de rester ici pour l’éternité .. Non ! Mais j’ai su trouver dans ma vie ici, un équilibre : passionnée par la ville que j’ai découverte avec mes nouvelles amies, j’ai intégré beaucoup de nouveautés dans ma vie kansasienne.
La qualité de vie est agréable, c’est sur … mais je suis et serai toujours une étrangère, chose que je n’avais pas ressentie en Californie. Je suis tout de suite cataloguée .. dès que j’ouvre la bouche, c’est terrible : les conversations s’arrêtent à la question : “Where are you from” et moi d’expliquer …bla bla français, 2 ans in Kaainsas, avant Californie, almost 5 years in the States … what brought you here ?  my husband’s work” .. en général, on me répond : “Oh! I love your accent, that’s so pretty” … et la conversation s’arrête….
un cardinal
Alors, oui, je peux vous le dire, quand je vois le chemin parcouru, je suis fière de ma petite troupe que j’ai vue s’épanouir tout au long de ces deux ans. Ils ne veulent plus repartir, ils ont pris racine au Kansas…
fin d’été 2012 : la vue depuis ma fenêtre

Voilà,  deux ans, c’est à la fois très court mais cela a aussi été parfois une éternité…
Dans un prochain article, je vous décris la région…

*PS : marching band : à suivre : les fanfares des matchs de foot de high school.

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24 Comments

  1. très sympa ton blog que j’ai découvert aujourd’hui !
    ton article m’a interpellée car j’ai tante, cousins, cousines à Kansas City, Missouri.
    j’y ai passé 1 mois là-bas… en 1994 premier voyage aux USA
    c’est assez spécial quand on connait NYC, Boston et la Californie.
    en tout cas c’est très plaisant de te lire !

    Bises xx

  2. says: la tulipe

    Touchée par votre article. Nous sommes en train de terminer doucement une expatriation de 28 ans aux Pays-Bas. C’est près de la France en kilomètres et loin en manière de vivre, valeurs de vie. Beaucoup de choses que vous dites ont raisonné en moi. Bonne vie aux US et au Kansas. Je me permets de vous embrasser.

    1. Oui je crois qu’on se comprend : je vains cette solitude en me donnant un fil conducteur. Quand je sens que je replonge dans un début de déprime, je bouge et vais vers ce qui me fait du bien : les balades, les photos …. Le web … Bon courage …

  3. says: Pitch

    je ne suis jamais allée aux usa
    J’espère un jour pouvoir y allé
    je rêve depuis enfant de ranch de cowboy d’indiens
    je suis fan de vieux western et j’ai appris a monté a cheval car je voulais etre john wayne
    oui bon je sais hollywood c’est pas la vrai vie^^
    mais je rêve un jour de pouvoir aller voir les vrais ranch et croisé de vrais indiens.

    J’ai beau être français ,vivre a Paris ben je ne me sent pas chez moi, je me demande si un jour je trouverai un endroit ou je me sentirai enfin chez moi.

    1. il faut vivre ses rêves … et un jour on y parvient … Bon courage et j’espère que tu y arriveras… sauf que tout ce que tu écris malheureusement, a pas mal disparu ….. mais les grands espaces restent .. et la magie aussi …

  4. says: Eva B.

    C’est sympa de pouvoir faire un petit bilan et de voir le chemin parcouru depuis votre arrivée ici. PAs évident quand on a des enfants qui se rendent compte du changement. Pour nous, on sait que notre pitchoune de 15 mois s’aperçoit que tout n’est pas pareil à Singapour qu’en France. Mais pas de problème d’école ou de relations amicales! Et puis ici la communauté française est assez importante, on n’est pas trop perdu!

    Par contre, c’est sans doute aussi difficile pour rencontrer des locaux et construire une relation. Nous aussi, la conversation s’arrête en général sur les questions de base (d’où vient-on?, pourquoi sommes nous là?, etc…) mais ça ne va jamais plus loin.

    Bon anniversaire de vie kansasienne en tout cas!

    1. merci c’est sympa : en général on se comprend entre expat … le truc qui a changé avec mes expatriations antérieures, c’est l’absence totale de réseau francophone et malgré les apparences, une réelle dificulté à établir des relations avec les gens dans le quotidien. J’ai habité à Taiwan pendant plus de 3 ans (là il y avait un réel probleme de langue et de compréhension, donc je peux comprendre, ce que tu vie aussi : parce que là, cela se voit sur notre visage qu’on est étranger… mine de rien, on a beau dire mais les réseaux francophones cela aide à comprendre des choses, à s’échanger des petits trucs etc … et de se prendre un petit café ensemble de temps en temps (sans être une accro des café accueils et autres receptions..) bon mais bon c’est comme ça ..

  5. says: Julien

    Je viens juste de découvrir votre blog que je vais suivre régulièrement à présent. Ca fait tellement du bien de voir qu’on parle du Kansas dans un blog d’expat ! J’ai passé un an à Pittburg, dans le sud-est de ce grand rectangle, à la frontière avec le Missouri… que de bons souvenirs avec ses habitants “vrais” et ses champs immenses où la seule limite est l’horizon… sans compter quelques voyages sympas (Saint Louis, Tulsa, Branson. Kansas City…) ! 😉

  6. Ah ça, difficile de faire croire aux Américains qu’on est un local. L’accent français nous colle aux semelles haha ! Mais ça peut avoir ses avantages … dans un taxi, à Philadelphie, nous parlions factures, taxe d’habitation, impôts. Notre chauffeur nous arrête et nous dit :

    – Excusez-moi mais, vous parlez français ?

    Nous répondons que oui.

    Il enchaîne en disant que ça sonne “incroyablement sexy, peu importe ce qu’on peut bien être en train de dire”, haha.

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